Prendre soin d’un proche au quotidien, c’est une responsabilité qui exige beaucoup de temps et d’énergie. Si vous devez en même temps travailler, ce n’est pas simple de concilier les deux. De nombreux aidants familiaux ignorent les dispositifs de soutien existants. D’autres, par crainte de stigmatisation, hésitent à aborder ce sujet dans le cadre professionnel ou à solliciter ces aides. Cette réticence est souvent accentuée par le fait que certaines entreprises, notamment les TPE/PME, n’ont pas encore mis en place de dispositifs spécifiques pour permettre de continuer d’être aidant familial et de travailler. 🧐
Les aménagements avec l’employeur pour continuer de travailler
Pour les salariés, plusieurs aménagements peuvent être envisagés pour faciliter la conciliation entre le rôle d’aidant familial et l’activité professionnelle. Le don de congés entre collègues est une option précieuse : les salariés peuvent faire don de leurs RTT, de leur cinquième semaine de congés payés ou de jours accumulés sur un compte épargne-temps pour soutenir un collègue. Beaucoup d’entreprises permettent un accès au télétravail renforcé pour les proches aidants. Un accord collectif ou une charte peut préciser les modalités de cet accès. En l’absence de tels documents, une demande directe à l’employeur permet d’en bénéficier. En effet, il ne peut refuser que s’il donne une justification solide. Enfin, l’aménagement des horaires grâce à des horaires décalés si l’activité de l’entreprise le permet ou à du temps partiel ainsi qu’un accès facilité à des opportunités de mobilité interne, peuvent offrir une meilleure adaptation aux besoins des salariés qui sont aidants et travaillent.🌞
Les congés pour l’aidant familial: congé de proche aidant, présence parentale et solidarité familiale
Pour les salariés toujours, plusieurs congés sont disponibles pour permette de continuer de travailler tout en étant aidant. Les principaux dispositifs dont vous avez peut-être déjà entendu parler sont le congé du proche aidant, le congé de solidarité familiale et le congé de présence parentale. Il existe également des conventions collectives ou des accords de branche spécifiques à chaque employeur. Ils peuvent prévoir des congés supplémentaires.🤝
Bien que votre employeur ne puisse pas refuser ces congés, vous devrez le prévenir quinze jours à l’avance. Cette période est d’un mois pour le congé proche aidant. Par contre en cas d’urgence, le congé peut commencer sans délai. Avec l’accord de votre employeur, vous avez également la possibilité de transformer ce congé en période de travail à temps partiel ou de le fractionner. Vous devrez par contre prévenir chaque absence 48 heures à l’avance. ⏰
C’est important de noter que ces congés ne sont pas rémunérés. Par contre, des allocations de la CAF ou de la MSA peuvent être sollicitées pour compenser cette absence de rémunération.
Le congé de présence parentale permet aux parents de s’occuper d’un enfant ayant moins de 20 ans avec un handicap ou une maladie.👧👶🏻 Pour faire la demande, un certificat médical du médecin qui suit votre enfant précisant la durée prévisible du traitement est nécessaire. Le congé de présence parentale a une durée maximale de 310 jours sur trois ans et est renouvelable une fois.
Si vous devez vous rendre auprès d’un proche pour l’accompagner dans ses derniers jours, le congé de solidarité familiale peut-être sollicité. Vous devrez obtenir un certificat médical du médecin traitant attestant la gravité de l’état de santé de votre proche. C’est un congé de maximum trois mois.
Enfin le congé de proche aidant est réservé à ceux qui accompagnent une personne dépendante quel que soit son âge.👴🏻♿ Vous devrez fournir plusieurs documents : une attestation de votre relation avec la personne aidée, une déclaration précisant si vous avez déjà pris un congé proche aidant, et une copie de la décision de la MDPH (mentionnant un taux d’incapacité supérieur à 80%) ou de l’APA (mentionnant un GIR 1 à 3). Ce congé a une durée maximale de trois mois.
Les aides financières pour compenser une réduction d’activité des aidants
Un certain nombre d’allocations existent enfin et peuvent bénéficier également aux indépendants et demandeurs d’emploi.🤑
Pour compenser une baisse d’activité ou pour financer les congés présentés dans le paragraphe précédent, la caisse d’allocations familiales (CAF) propose plusieurs aides.
Tout d’abord, l’Allocation Journalière du Proche Aidant (AJPA) permet au salarié aidant de recevoir 64,54 euros par jour, pour un maximum de 66 jours. Pour les salariés, elle complète le congé proche aidant. De même, l’Allocation Journalière de Présence Parentale (AJPP) offre le même montant journalier et peut inclure un forfait d’une centaine d’euros pour couvrir certains frais. L’AJPP se limite à 22 jours par mois pour le couple et peut se partager entre les parents. C’est possible par exemple d’avoir 11 jours chacun indemnisés. L’AJPP permet de son coté d’obtenir un minimum de rémunération si vous demander un congé de présence parentale.
⚠️ Attention par contre car si vous bénéficiez déjà en tant qu’aidant de l’aide humaine de la PCH, vous ne pourrez pas toucher ces allocations. L’AJPP n’est pas non plus cumulable avec l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH).
Il existe aussi l‘Allocation Journalière d’Accompagnement d’une Personne en fin de vie (AJAP). Cette aide est destinée aux personnes qui accompagnent un proche en fin de vie à domicile, y compris en EHPAD. Ce n’est par contre pas valable si votre proche est à l’hôpital. Elle est versée pour un maximum de 21 jours, pouvant être partagée entre plusieurs aidants. Son montant est d’un peu plus de 60 euros par journée. C’est important de noter que cette aide ne se demande pas rétroactivement. Notez aussi que ce n’est pas la CAF qui attribue cette allocation mais la Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAJAP).
Par ailleurs, vous pouvez demander des aides sociales comme l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) ou la Prestation de Compensation du Handicap (PCH) pour financer le temps passé par l’aidant.🫶🏼
Les autres dispositifs pour les aidants qui travaillent
Vous bénéficiez peut-être aussi d’un plan épargne entreprise (PEE). Ce compte en général bloqué sur 5 ans était jusqu’alors déblocable en anticipé en cas de mariage, de pacs ou encore d’arrêt du contrat de travail. Désormais, être un proche aidant permet aussi de le débloquer à tout moment. 😉
Enfin, sachez que vous pouvez continuer de cotiser à la retraite lorsque vous devez réduire ou cesser votre activité professionnelle pour s’occuper d’un proche. C’est l’Assurance Vieillesse des Aidants (AVA). Son rattachement est automatique lors des demandes d’allocation auprès de la CAF. L’AVA vous permet de valider jusqu’à 4 trimestres pour l’ensemble de la carrière.
D’ailleurs nous avons rassemblé toutes ces ressources dans l’application Pupil ! Vous pourrez y retrouver encore plus de conseils sur comment obtenir ces aides.
Pour conclure, on peut dire qu’être aidant et travailler, c’est jongler sur une corde raide. Certains choisissent d’aborder la question par souci de transparence et pour établir une relation de confiance avec leur employeur. D’autres attendent un besoin urgent pour demander un congé. Profiter d’un entretien annuel peut être une occasion propice pour aborder le sujet de manière posée.🤸♂️
D’un autre côté, beaucoup n’en parlent pas. Au delà de la peur d’être stigmatisé, on peut notamment se dire que ça relève de la sphère privée (et c’est vrai). Certain arrivent à s’organiser sans en parler.
Si jamais vous souhaitez en parler à votre employeur, on vous conseille de ne pas être seul. C’est peut-être une piste d’en parler à un collègue de confiance au sein de l’entreprise, peut-être lui-même aidant. Et puis si vous préférez une approche plus douce, laissez-nous les coordonnées de votre employeur; on va aller leur faire un atelier de sensibilisation !🔥